Le Chœur de l’Armée Française en ouverture de Musique à la source

Ce jeudi 28 juillet, débute la nouvelle édition du festival Musique à la Source, dont le Conseil départemental est un partenaire historique. En ouverture, le Chœur de l’Armée Française interprétera des chants militaires et patriotiques sur le camp de La Courtine. Rencontre avec Emilie Fleury, cheffe adjointe de ce chœur officiel de la République depuis 2008.

Légende : Emilie Fleury et le Chœur de l’Armée Française – crédit David Mendiboure

Quel a été votre parcours pour intégrer le Chœur de l’Armée Française ?
Je suis violoniste de formation. J’ai débuté enfant, au Conservatoire de Besançon et ensuite je me suis plus orientée vers le chant et la direction de chœur. J’ai fait des études de musicologie, j’ai été élève au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. J’en suis sortie diplômée et je suis en poste au Chœur de l’Armée depuis 2008. Je travaille également à la Maîtrise Notre-Dame de Paris qui est un chœur d’enfant.

Comment êtes-vous rentrée au Chœur de l’Armée Française ?
C’est sur concours. Il y a d’abord une sélection sur dossier, ensuite entretien avec le jury et enfin, si on est retenu, il y a une épreuve pratique avec le chœur. On doit diriger, faire travailler le chœur pendant une demi-heure.

Comment dirige-t-on un chœur ?

On bouge les bras et ça part tout seul (rires). Non, en fait le principe d’un chef de chœur, c’est de faire l’apprentissage avec le chœur, l’apprentissage de la partition. Ce n’est pas juste bouger les bras. Le métier, ce sont les répétitions, transmettre ce que l’on veut dire, la clarté du texte, les émotions, la justesse, le travail du son, le travail du répertoire. Après, en concert, les gestes sont là pour transmettre ce que l’on a travaillé pendant les répétitions.

C’est vous qui décidez du répertoire ?
C’est le chef qui décide mais après on peut en parler entre nous. Il y a certains chanteurs qui proposent des textes au répertoire et on est ravi de l’enrichir par ce biais-là. Le tout en accord avec les festivals ou les organisateurs qui ont parfois des demandes assez précises. Par exemple pour La Courtine, comme c’est un camp militaire, on nous a demandé un répertoire plus axé sur les chants militaires, patriotiques, alors que sur la même période, on fait d’autres concerts dont un pour lequel on nous a demandé des chants plutôt d’opéra.

Comment est composé le chœur et comment l’intègre-t-on ?
Le chœur est composé d’une quarantaine de chanteurs hommes. Ils sont recrutés également sur concours. C’est un chœur de chanteurs professionnels, ce qui n’était pas le cas à sa création. Maintenant les personnes qui se présentent sont des chanteurs professionnels et lorsqu’ils intègrent le chœur, ils deviennent militaires.

Légende : Le Chœur de l’Armée Française - crédit Ministère de l’Intérieur-F.GARCIA

Pour quelles occasions peut-on vous entendre chanter ?
Nos missions sont : commémorer, honorer, divertir.
Nous sommes le chœur officiel de la République. Il y a donc cette vocation de participer aux cérémonies de commémorations (8 mai, 11 novembre, 14 juillet…), des hommages pour les victimes contre les attentats, des cérémonies d’hommage pour les déportés de la Shoah. On a également fait plusieurs panthéonisations, les obsèques des personnalités. Tout cela fait partie de notre corps de métier. Ensuite, on a toute une partie où on a un répertoire de concert, où on est invité lors de festivals ou lors de concerts, à la demande.

Certaines cérémonies ont-elles été plus fortes que d’autres ?
Une cérémonie, c’est toujours fort, après émotionnellement, c’est assez varié. Moi je suis toujours très touchée par la cérémonie que l’on fait tous les ans en hommage à Jean Moulin, c’est très prenant.
J’ai eu la chance de faire la panthéonisation de Joséphine Baker et Simone Veil et c’est des moments où il y a une grande fierté, déjà à titre personnel et ensuite de pouvoir participer à leur reconnaissance nationale, c’est très fort. Mais ça peut aussi arriver en concert. Par exemple, lors d’un concert à Objat, nous avons chanté le Chant des partisans et les gens se sont levés spontanément et ont applaudi pendant que l’on chantait. Je voyais les chanteurs qui avaient les larmes aux yeux et moi aussi. Il y a toujours des personnes âgées dans nos concerts qui ont vécu cette période de la Seconde Guerre mondiale et de la Résistance et pour qui ce chant est très parlant.

Justement, est-ce qu’il y a un titre qui mériterait d’être plus connu ou que vous aimez interpréter ?
Il y a un autre chant que l’on ne connaît pas bien qui est La complainte du partisan d’Anna Marly. Il est magnifique, c’est un peu l’autre Chant des partisans, on l’entend très peu. Il a été effacé je pense par son alter ego.

Qu’est-ce que vous aimez dans ce chant ?
J’aime tout, la musique, les paroles qui sont très belles. Très tristes, mais très belles. Il est très simple, doux, calme. C’est à la fois un chant qui parle d’espoir et en même temps, il y a une couleur très sombre dedans, c’est assez paradoxal.

Pour revenir à votre concert à La Courtine, comment avez-vous pensé le répertoire ?
Alors comme c’est sur un camp militaire, on nous a demandé un répertoire patriotique et militaire, avec des chants qui mettent en avant la défense de la patrie et l’honneur. Il y a un hymne à la France, le Chant des partisans, la Marche de la deuxième D.B.
Ce sont des chants chantés en temps de guerre et qui aident les soldats à monter, la fleur au fusil, au front. Ensuite, il y a une pièce de Lili Boulanger qui s’appelle Pour les funérailles d’un soldat, qui parle des soldats qui ont porté en terre leur capitaine. Ensuite, des chants un peu plus légers, comme C’est le huitième ou La Madelon, qui sont des airs chantés pendant les temps de repos des soldats qui étaient au front. Enfin, il y a des extraits d’opéra, comme le Chœur des assaillants de Trouvère, le Chœur des soldats de Faust et sa parodie Le petit Faust.

Prochaines dates :
 28 juillet : Festival Musique à la Source (La Courtine)
 29 juillet : Festival ClassiCahors (Cahors)
 30 juillet : Festival de la Vézère (Aubazine)

Légende : Emilie Fleury, cheffe de chœur adjointe

Publiée le 22 juillet 2022
 
Actualités archivées