20 ans d’espoir en pôle position

Créé en 2002 par le Comité régional de cyclisme du Limousin, le pôle espoir de Guéret, situé à l’IRFJS, est la seule structure en Creuse qui accueille et encadre des jeunes sportifs de haut niveau. Soutenu depuis sa création par le Conseil départemental, le pôle espoir soufflera d’ici quelques mois sa vingtième bougie. Aujourd’hui, dix jeunes néo-aquitains composent l’effectif de l’antenne creusoise, spécialisée en route et en cyclo-cross.

L’effectif 2020-2021 du pôle espoir, encadré par Maxime Méderel, deuxième en partant de la droite.

La plupart d’entre eux n’étaient pas nés, lorsque le pôle espoir de Guéret a ouvert ses portes aux premiers pensionnaires. Qu’ils soient cadets, juniors ou espoirs, ils sont 10 à rouler chaque semaine sous le maillot blanc et rouge, et tous rêvent d’emprunter les chemins d’une carrière professionnelle. Avec le pôle, les jeunes cyclistes bénéficient d’un suivi sportif, le plus complet possible, qui leur permettra d’évoluer au plus haut niveau. « En temps normal, on atteint en moyenne entre 18 et 20 heures d’entraînement par semaine », indique Maxime Méderel, ancien cycliste professionnel qui endosse aussi bien la casquette de directeur que celle d’entraîneur du pôle depuis quatre ans. « Tous sont déjà licenciés dans un club de la fédération, c’est même l’une des conditions pour pouvoir intégrer le pôle », précise le directeur.

Parmi les dix jeunes pensionnaires, Brice Dujardin, un espoir qui compose l’effectif depuis maintenant six ans. « Quand je suis arrivé au pôle, j’aimais bien m’entraîner avec les plus grands. Ils me donnaient beaucoup de conseils, ils m’aiguillaient. Ça apporte un effet de groupe pour s’entraîner, ce qui est bien. Pendant les sorties sur route, on rigole, le temps passe plus vite », ironise le jeune espoir, qui y voit surtout un encadrement structuré : « Avec la structure du pôle, on a tout ce qu’il faut pour s’entraîner. Et puis on est surtout encadré par un professionnel.
On sait que ce que l’on fait en groupe on le fait bien, et que ça va marcher pour la suite
 ». Un point de vue partagé par Théo Laffineur, arrivé tout droit du Lot-et-Garonne depuis deux ans. « Pour moi, ça m’apporte un entraîneur et un suivi quotidien. Et puis pour les sorties de groupe, c’est plus sécurisé. Si on a un problème mécanique, on sait que Maxime est derrière avec la voiture. C’est mieux de rouler en groupe que tout seul, avec les voitures qui nous dépassent  ».

Une cohabitation souvent difficile entre les cyclistes et les automobilistes comme le reconnaît Maxime Méderel : « C’est parfois compliqué. Mais on a la chance d’être en Creuse, les routes s’y prêtent bien, il n’y a pas trop de circulation. Moi je reste derrière avec la voiture. Cela fait qu’aujourd’hui, ils sont bien encadrés et cela ajoute un côté sécuritaire. C’est très important pour eux ».

La pratique du vélo donc, mais aussi de la natation, musculation ou encore du gainage, pour ces jeunes à l’emploi du temps aménagé. Sans oublier la compétition le week-end, même si la crise sanitaire a mis à mal le calendrier sportif. « C’est compliqué pour les juniors et les cadets. On maintient les entraînements, mais s’entraîner sans avoir de réels objectifs ou compétition n’est pas motivant », reconnaît le directeur. « Le fait qu’ils se retrouvent ensemble, ça leur permet d’évacuer tout ce qui se passe autour, de ne pas entendre tout le temps les mêmes choses sur la crise sanitaire ». Un mal-être que Brice Dujardin a moins ressenti, de par son statut d’espoir qui lui permet de disputer des épreuves : « Je ressens moins l’impact de la crise puisque j’ai plus de facilité pour courir. Très peu d’épreuves ont été annulées, comparé aux juniors ou aux cadets ».

Les résidents du pôle lors d’une sortie foncière.

Une réussite de 100% au bac
Si d’apparence le vélo occupe une grande partie de l’emploi du temps de ces jeunes, l’aspect scolaire n’est cependant pas en reste. « Il y a une chose qui nous importe, c’est le côté scolaire. Ils ne sont pas au pôle que pour réussir sportivement. Nous, ça fait maintenant 6 ans qu’il y a 100% de réussite au bac. On a de la chance de travailler avec deux lycées où j’ai des retours chaque semaine. Le double projet fonctionne bien », se félicite Maxime Méderel. Car si les jeunes rêvent de devenir un jour professionnel et de vivre de leur passion, ils restent lucides quant à leur chance de réussir dans cette voie. « On sait bien qu’au pôle, tout le monde ne pourra pas devenir professionnel. On en est conscient et en tant qu’éducateur, on essaie de leur en faire prendre conscience. On en parle beaucoup dans leurs perspectives d’avenir, on leur dit qu’il n’y a pas que le vélo », poursuit le directeur. Un message qui passe bien dans la tête des jeunes : « On sait que c’est très compliqué, que le niveau est très élevé et que c’est dur de se faire une place chez les pros », regrette Brice Dujardin. « C’est pour ça que c’est important de réussir ses études, même si par moment c’est compliqué et que la charge est élevée. Mais c’est faisable et cela demande juste de l’organisation. Avec un bac, on ne peut pas faire grand-chose, il faut continuer au-delà pour avoir un bon bagage si le vélo devait s’arrêter  ». Et si par regrets leur carrière sportive devait s’interrompre, les deux jeunes cyclistes en garderont un bon souvenir. « Ça nous apporte beaucoup de choses », constate Brice Dujardin tandis que Théo Laffineur en tire « une belle leçon de vie ».

Les trois antennes du pôle cyclisme de Nouvelle-Aquitaine :
 Guéret : route et cyclo-cross
 Talence : piste et route
 Stade Bordelais : BMX

Les derniers résultats du Pôle espoir :
 2018 : Benjamin Rivet devient champion de France junior en cyclo-cross
 2018 : Médaille de bronze pour Baptiste Vadic lors des championnats de France cadet sur route
 2018 : Brice Dujardin remporte en junior une manche nationale en cyclo-cross et termine 4ème au classement général
 2019 : Médaille de bronze pour Julien Azile-Lozach lors des championnats de France cadet sur route
 2020 : Médaille de bronze pour Baptiste Vadic lors des championnats de France de cyclo-cross junior

Effectifs 2020-2021 :
 Azile-Lozach Julien : UC Brive (route-cx)
 Barusseau Mathéo : Creuse Oxygène (route-cx)
 Breant Romain : ASPTT Brive (route-cx)
 Dujardin Brice : Creuse Oxygène (route-cx)
 Gourdonnaud Adrien : UV Limoges (route)
 Joinel Trystan : Vélo Silex (vtt, cx et route)
 Laffineur Théo : Dordogne Sud (route-cx)
 Maitre Titouan : UV Limoges (route)
 Quisserne Kilian : Creuse Oxygène (piste, route)
 Vadic Baptiste : Vendée U (route-cx)

Alain Menut, Président du Comité régional de cyclisme du Limousin en 2001, se souvient de la création du Pôle :
« Je suis arrivé président du Comité du Limousin en 2000 et je me suis vite aperçu qu’il était nécessaire d’avoir une structure plutôt professionnelle pour encadrer les meilleurs éléments du territoire, qui était à l’époque le Limousin. On était en plus l’une des plus petites régions de France, avec des moyens faibles. En tant que président, je souhaitais que l’on prenne rapidement une dynamique sur la formation. Avec le conseil d’administration, on a donc décidé de mettre en place en 2002 un centre d’entraînement. Avant que le pôle ait sa dénomination exacte, il fallait créer une structure qui s’appelait « Centre d’entraînement », pour qu’en fonction des résultats, il devienne un an après un pôle. On a mis ça en place il y a maintenant 20 ans. Au début, la Fédération n’était pas tellement partante. Mais sur ce dossier, on a toujours eu un partenaire très important : la Région Limousin. A l’époque, avec Régis Fossati, qui était directeur des services des sports de la Région, on a tout fait pour que cette structure se fasse en Limousin. Comme Creuse Oxygène avait déjà une très forte dynamique, on a décidé, contre vents et marées, de l’installer à Guéret. Le Département de la Creuse était plutôt très favorable à une aide sur cette structure, et la Ville de Guéret a donné son feu vert. C’est dans ce cadre-là que l’on est parti.

La première année, avec Frédéric Macaudière qui a été le premier directeur et responsable du pôle, on a eu 7-8 éléments. On avait décidé à l’époque d’ouvrir aux élèves titulaires de ce pôle, le lycée technique de Saint-Vaury, le lycée Pierre Bourdan et le lycée Jean Favard de Guéret.
On a eu la chance d’avoir eu des recrues intellectuelles. Le pôle a ensuite continué dans la dynamique. 20 ans après, ça nous donne raison d’avoir mis en place une telle structure.
 »

Publiée le 19 mars 2021
 
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